[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome I, page 579]

     DOUBLAGE. s. m. T. de Marine. Revêtement de feuilles de cuivre, ou de planches, qu'on met aux bâtiments destinés à des voyages

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome I, page 580]

de long cours. Doublage de cuivre. Bon doublage.

     DOUBLE. adj. des deux genres, opposé à Simple. Qui vaut, qui pèse, qui contient une fois autant. Double louis. Double ducat. Double portion. Double dose. Double charge. Une valeur, une force double d'une autre. Celui qui néglige de faire enregistrer un acte dans le délai prescrit, paye double droit.
     En Mathém., Raison double, Rapport de deux quantités dont l'une est double de l'autre. Seize est à huit en raison double.
     DOUBLE, se dit également D'une chose composée de deux autres choses pareilles, ou analogues entre elles, ou seulement de même nature, de même espèce. Feuillet double. Fruit double. Le calice de cette fleur est double. Les objets lui paraissent doubles. Un double rang de colonnes. Corps de logis double. Cette maison a une double entrée. Double porte. Double croisée. Double châssis. Double semelle. Soulier à double couture. Une boîte à double fond. Nouer à double noeud. Fermer une porte, une cassette à double tour. Un double signal. C'est un double service. Un double tort. Ce fut un double malheur. Il se vit chargé d'un double crime. Il lui fallut répondre à cette double accusation. Ce mot, cette phrase a un double sens. La double autorité qu'il exerce.
     Mot, phrase à double entente, à double sens, Mot, phrase qui a deux sens, qui est susceptible de deux interprétations.
     Au Domino, Double-as, double-deux, double-trois, etc., Dé sur lequel l'as, le point deux, etc., est répété.
     Acte double, Celui dont on fait deux originaux semblables, pour en laisser un entre les mains de chacune des parties intéressées. On met à la fin de pareils actes, Fait double entre nous.
     En termes de Commerce et de Banque, Tenue des livres en partie double ou à partie double, Manière de tenir les livres qui consiste à reconnaître à la fois un débiteur et un créancier, dans la rédaction d'un article quelconque, soit de recette, soit de dépense. On dit dans le même sens: Tenir les livres en partie double, à partie double. Comptes en partie double. Etc.
     En termes de Comptabilité, Double emploi, Ce qui a été employé, porté deux fois en recette ou en dépense dans un compte. Il se dit également, dans le langage ordinaire, de Tout ce qui fait inutilement répétition. Cela fait double emploi.
     Au Trictrac, Gagner partie double, Prendre douze points de suite.
     En Jurispr., Double lien, se dit de La parenté entre enfants d'un même père et d'une même mère, c'est-à-dire, entre frères et soeurs germains.
     En Botan., Fleur double, Celle qui a acquis par la culture un plus grand nombre de pétales qu'elle n'en aurait eu dans l'état naturel. Un cerisier à fleurs doubles. Des jacinthes, des violettes doubles.
     En Médec., Fièvre double, Fièvre intermittente dont les accès deviennent deux fois aussi nombreux qu'ils l'étaient dans un temps donné. Fièvre double-quarte, Celle dont les accès prennent successivement deux jours de suite et ne paraissent pas le troisième, l'accès du quatrième jour étant différent de celui du second, et semblable à celui du premier. Fièvre double-tierce, Celle dont les accès reviennent tous les jours, de manière que le troisième est semblable au premier et le quatrième au second.
     En Musiq., Double croche, Note qui ne vaut que la moitié d'une croche, et dont la queue porte deux barres ou crochets. Intervalle double, Intervalle qui excède l'étendue de l'octave. Double fugue, désigne Ce qu'on nomme plus exactement Fugue à deux sujets.
     DOUBLE, se dit figurément Des choses plus fortes, de qualité supérieure, de vertu plus efficace que les autres choses de même nature. Encre double. Double bière. Eau de fleurs d'orange double.
     Double bidet, Bidet qui est de plus haute taille que les bidets ordinaires.
     Fêtes doubles, se dit, dans les Rubriques ecclésiastiques, de Certaines fêtes dont l'office est plus solennel que celui des autres; et on appelle Fêtes semi-doubles, Celles qui tiennent le milieu entre les fêtes doubles et les simples.
     Fam., Double coquin, double fripon, etc. Grand coquin, grand fripon.
     DOUBLE, signifie quelquefois, Qui a de la duplicité. C'est un homme double. Méfiez-�vous de cette femme, c'est un caractère double. C'est une âme double. On dit dans le même sens, C'est un homme à double face.
     DOUBLE, est aussi substantif masculin, et signifie, Toute chose qui équivaut à deux fois une autre chose. Ce nombre est le double de tel autre. Sa fortune est augmentée du double. Plus du double, Gagner, perdre le double. Payer le double. Être condamné au double.
     Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double, et plus ordinairement, Jouer quitte ou double, Jouer une dernière partie qui doit acquitter celui qui a déjà perdu, ou doubler le gain de celui qui a déjà gagné. Jouons à quitte ou double, ou elliptiquement, Quitte ou double. Cela signifie aussi, figurément et familièrement, Risquer hasarder tout pour se tirer d'une mauvaise affaire.
     Parier double contre simple, Parier deux contre un.
     Le double d'un corps de logis, Une des moitiés d'un corps de logis dans son épaisseur. On a mis toutes les garde-robes dans le double.
     Le double d'un acte, d'un traité, d'une note, etc. L'un des originaux, ou seulement La copie d'un acte, d'un traité, etc.
     Double de compte, Celui des originaux de compte que le comptable garde entre ses mains.
     En Peinture, Le double d'un tableau. La copie d'un tableau faite par l'auteur même du tableau.
     Avoir des doubles dans sa bibliothèque, dans son herbier, etc., Avoir deux ou plusieurs exemplaires du même ouvrage, deux ou plusieurs échantillons d'une même plante, etc.
     En Musique, Le double d'un air, Le même air, qu'on figure sur le simple, par l'addition de plusieurs notes qui varient et ornent le chant. Le double des Folies d'Espagne. Cette locution a vieilli: on dit maintenant, Variations.
     Mettre une chose en double, en plusieurs doubles, La replier sur elle-même une ou plusieurs fois. Mettre une serviette en double.
     Fig. et fam., Mettre les morceaux en double, Manger à la hâte.
     DOUBLE, substantif, se dit, au Théâtre, Des acteurs et actrices qui remplacent dans les rôles ceux qui en sont chargés en premier. Cet Acteur n'est qu'un double, n'est que le double d'un tel. La pièce a été jouée par les doubles. On dit dans un sens analogue, Donner un rôle en double.
     DOUBLE, se dit en outre d'Une espèce de monnaie ancienne qui valait deux deniers, et dont les six faisaient un sou. Un double. Donner un double. Double tournois.
     Il s'emploie figurément, dans certaines phrases familières, pour exprimer Une très-petite valeur. J'en donnerai tant, et pas un double avec. Cela ne vaut pas un double, je n'en donnerais pas un double.
     DOUBLE, s'emploie aussi quelquefois adverbialement, comme dans ces phrases: Voir double, Voir les objets comme s'ils étaient doubles; Payer double, Payer deux fois la valeur.
     AU DOUBLE. loc. adv. Une fois plus. Payer, acheter au double. On l'emploie aussi figurément. Il m'a fait un déplaisir, il le payera au double. Je vous suis redevable de ce bon office, je vous le rendrai au double.

     DOUBLEAU. s. m. T. de Charpenterie. Il se dit de Certaines solives d'un plancher qui sont plus fortes que les autres, telles que les solives d'enchevêtrure.
     En Archit., Arc-doubleau, Espèce d'arcade formant une saillie ou plate-bande sur la courbure intérieure d'une voûte, qu'elle semble fortifier et soutenir. Dans cette locution, Doubleau est adjectif.

     DOUBLEMENT. adv. Pour deux raisons, en deux manières. Il est doublement coupable. Il en est doublement puni. Doublement obligé.

     DOUBLEMENT. s. m. T. de Pratique ancienne, qui était usité principalement dans les affaires de finances, et dont on se servait dans les enchères, pour dire, Une fois autant. Enchérir par doublement et par tiercement.
     DOUBLEMENT, se disait aussi, en termes de Guerre, de L'augmentation des rangs et des files d'un bataillon.

     DOUBLER. v. a. Mettre le double, augmenter du double, d'une fois autant. Doubler le nombre. Doubler la dépense. Doubler la somme. Doubler les gardes. Tous les postes furent doublés. Doubler ses capitaux. Doubler la dose. Doubler l'étape. Il double ses torts envers moi.
     En termes de Guerre, Doubler les rangs, doubler les files, Y mettre le double de ce qui a coutume d'y être. Cette espèce de manoeuvre a depuis longtemps cessé d'être usitée.
     Doubler le pas, Marcher plus vite.
     En termes de Marine, Doubler le sillage, Faire plus de chemin. Doubler les manoeuvres, En augmenter le nombre, afin que, si l'une est rompue, une autre puisse la remplacer. Doubler un cap, une pointe, etc., Passer au delà d'un cap, d'une pointe de

[Image de l'original: Dictionnaire de l'Académie française 1835, tome I, page 581]

terre, etc. Doubler un autre bâtiment, Le surpasser en vitesse, le devancer. Doubler une ligne de vaisseaux ennemis, La mettre entre deux feux.
     DOUBLER, signifie aussi, Appliquer une étoffe contre l'envers d'une autre. Doubler un manteau, une robe, une jupe. Doubler de soie, de toile, de taffetas.
     En termes de Marine, Doubler des voiles, Les fortifier par de nouveaux lés de toile cousus sur ceux dont elles sont déjà composées. Doubler un navire, Lui faire un doublage de feuilles de cuivre ou de planches.
     Doubler un corps de logis, Joindre un autre corps de logis à la face de derrière de celui qui est déjà fait.
     Au Théâtre, Doubler un rôle, un acteur, Jouer un rôle au défaut de l'acteur qui en est chargé en premier.
     DOUBLER, signifie quelquefois, Mettre double, et Mettre en double. Doubler du fil, de la laine, de la soie. Doubler une serviette, une feuille de papier.
     Au Jeu de billard, Doubler une bille, La faire frapper contre un des bandes du billard pour qu'elle revienne au côté opposé. Doubler une bille au milieu, au coin. On dit absolument, dans le même sens, Doubler; doubler au milieu, au coin.
     Au Jeu de paume, La balle a doublé, Elle a touché deux fois la terre. Dans cette phrase, le verbe est neutre.
     DOUBLER, s'emploie aussi, neutralement, dans le sens de Devenir double. Leur nombre a plus que doublé. La population de cette ville est maintenant doublée.
     DOUBLÉ, [DOUBL]ÉE. participe.
     En Mathém., Raison doublée, Raison de carrés. Seize est à quatre en raison doublée de quatre à deux, c'est-à-dire, comme le carré de quatre est au carré de deux.
     En Médec., Fièvre doublée, Fièvre intermittente dont les accès, après avoir été uniques, ont lieu deux fois dans le même jour.
     DOUBLÉ, au Jeu de billard, se dit substantivement de L'action de doubler, et de Toute disposition des billes qui permet de doubler. Faire un doublé. Jouer le doublé. Voilà un beau doublé. Quelques-uns écrivent Doublet; mais on prononce toujours Doublé.

     DOUBLET. s. m. Deux morceaux de cristal mis l'un sur l'autre, avec une feuille colorée entre-deux, pour imiter les émeraudes, les rubis, etc. Ce n'est pas une émeraude, c'est un doublet.
     DOUBLET, au Jeu de trictrac, se dit Lorsque chacun des deux dés amène le même point. Il ne peut gagner que par des doublets. Il n'amène que des doublets. Deux six, deux quatre font un doublet. Doublet d'as, de deux, etc.
     DOUBLET, au Jeu de billard. Voyez DOUBLÉ.

     DOUBLETTE. s. f. T. de Musiq. Un des jeux de l'orgue, qui sonne l'octave au-dessus du prestant.

     DOUBLEUR, [DOUBL]EUSE. s. Celui, celle qui, dans les fabriques, double la laine, la soie sur le rouet. Doubleur, doubleuse de laine, de soie.

     DOUBLON. s. m. Monnaie d'or espagnole qui a différentes valeurs. Doublon d'Espagne. Le doublon de huit écus, ou absolument, Le doublon vaut quatre-vingt-un francs cinquante et un centimes; le doublon de quatre écus vaut quarante francs soixante et quinze centimes, et le doublon de deux écus vaut vingt francs trente-sept centimes. On dit aussi, Pistole.
     DOUBLON, en termes d'Imprimerie, Faute qui consiste à composer deux fois de suite un ou plusieurs mots.

     DOUBLURE. s. f. Étoffe dont une autre est doublée. La doublure d'un manteau, d'une robe.
     Prov. et fig.. Fin contre fin n'est pas bon à faire doublure, ne vaut rien pour doublure, Il ne faut pas entreprendre de tromper aussi fin que soi, ou, si on le tente, on n'y réussit pas.
     DOUBLURE, au Théâtre, se dit dans le même sens que Double. Ce comédien est la doublure d'un tel. Le spectacle a été fort ennuyeux, nous n'avions que les doublures.