DOUBLAGE. s. m. T. de Marine. Revêtement de feuilles de cuivre, ou de planches, qu'on met aux bâtiments destinés à des voyages
de long cours.
Doublage de cuivre. Bon doublage.
DOUBLE. adj. des deux genres,
opposé à Simple. Qui vaut, qui pèse, qui
contient une fois autant. Double louis. Double ducat. Double portion.
Double dose. Double charge. Une valeur, une force double d'une autre. Celui
qui néglige de faire enregistrer un acte dans le délai
prescrit, paye double droit.
En Mathém., Raison double,
Rapport de deux quantités dont l'une est double de l'autre. Seize
est à huit en raison double.
DOUBLE, se dit
également D'une chose composée de deux autres choses
pareilles, ou analogues entre elles, ou seulement de même nature, de
même espèce. Feuillet double. Fruit double. Le calice de
cette fleur est double. Les objets lui paraissent doubles. Un double rang
de colonnes. Corps de logis double. Cette maison a une double entrée.
Double porte. Double croisée. Double châssis. Double semelle.
Soulier à double couture. Une boîte à double fond. Nouer
à double noeud. Fermer une porte, une cassette à double tour.
Un double signal. C'est un double service. Un double tort. Ce fut un double
malheur. Il se vit chargé d'un double crime. Il lui fallut
répondre à cette double accusation. Ce mot, cette phrase a un
double sens. La double autorité qu'il exerce.
Mot, phrase à double entente,
à double sens, Mot, phrase qui a deux sens, qui est susceptible
de deux interprétations.
Au Domino, Double-as, double-deux,
double-trois, etc., Dé sur lequel l'as, le point deux, etc., est
répété.
Acte double, Celui dont on fait deux
originaux semblables, pour en laisser un entre les mains de chacune des
parties intéressées. On met à la fin de pareils actes,
Fait double entre nous.
En termes de Commerce et de Banque, Tenue
des livres en partie double ou à partie double,
Manière de tenir les livres qui consiste à reconnaître
à la fois un débiteur et un créancier, dans la
rédaction d'un article quelconque, soit de recette, soit de
dépense. On dit dans le même sens: Tenir les livres en
partie double, à partie double. Comptes en partie double.
Etc.
En termes de Comptabilité, Double
emploi, Ce qui a été employé, porté deux
fois en recette ou en dépense dans un compte. Il se dit
également, dans le langage ordinaire, de Tout ce qui fait inutilement
répétition. Cela fait double emploi.
Au Trictrac, Gagner partie double,
Prendre douze points de suite.
En Jurispr., Double lien, se dit de La
parenté entre enfants d'un même père et d'une même
mère, c'est-à-dire, entre frères et soeurs
germains.
En Botan., Fleur double, Celle qui a
acquis par la culture un plus grand nombre de pétales qu'elle n'en
aurait eu dans l'état naturel. Un cerisier à fleurs
doubles. Des jacinthes, des violettes doubles.
En Médec., Fièvre double,
Fièvre intermittente dont les accès deviennent deux fois aussi
nombreux qu'ils l'étaient dans un temps donné.
Fièvre double-quarte, Celle dont les accès prennent
successivement deux jours de suite et ne paraissent pas le troisième,
l'accès du quatrième jour étant différent de
celui du second, et semblable à celui du premier. Fièvre
double-tierce, Celle dont les accès reviennent tous les jours,
de manière que le troisième est semblable au premier et le
quatrième au second.
En Musiq., Double croche, Note qui ne
vaut que la moitié d'une croche, et dont la queue porte deux barres
ou crochets. Intervalle double, Intervalle qui excède
l'étendue de l'octave. Double fugue, désigne Ce qu'on
nomme plus exactement Fugue à deux sujets.
DOUBLE, se dit
figurément Des choses plus fortes, de qualité
supérieure, de vertu plus efficace que les autres choses de
même nature. Encre double. Double bière. Eau de fleurs
d'orange double.
Double bidet, Bidet qui est de plus
haute taille que les bidets ordinaires.
Fêtes doubles, se dit, dans les
Rubriques ecclésiastiques, de Certaines fêtes dont l'office est
plus solennel que celui des autres; et on appelle Fêtes
semi-doubles, Celles qui tiennent le milieu entre les fêtes
doubles et les simples.
Fam., Double coquin, double fripon,
etc. Grand coquin, grand fripon.
DOUBLE, signifie
quelquefois, Qui a de la duplicité. C'est un homme double.
Méfiez-�vous de cette femme, c'est un caractère double. C'est
une âme double. On dit dans le même sens, C'est un homme
à double face.
DOUBLE, est aussi
substantif masculin, et signifie, Toute chose qui équivaut à
deux fois une autre chose. Ce nombre est le double de tel autre. Sa
fortune est augmentée du double. Plus du double, Gagner, perdre le
double. Payer le double. Être condamné au double.
Jouer à quitte ou à double,
à quitte ou double, et plus ordinairement, Jouer quitte ou
double, Jouer une dernière partie qui doit acquitter celui qui
a déjà perdu, ou doubler le gain de celui qui a
déjà gagné. Jouons à quitte ou double,
ou elliptiquement, Quitte ou double. Cela signifie aussi,
figurément et familièrement, Risquer hasarder tout pour se
tirer d'une mauvaise affaire.
Parier double contre simple, Parier
deux contre un.
Le double d'un corps de logis, Une des
moitiés d'un corps de logis dans son épaisseur. On a mis
toutes les garde-robes dans le double.
Le double d'un acte, d'un traité,
d'une note, etc. L'un des originaux, ou seulement La copie d'un acte,
d'un traité, etc.
Double de compte, Celui des originaux
de compte que le comptable garde entre ses mains.
En Peinture, Le double d'un tableau.
La copie d'un tableau faite par l'auteur même du tableau.
Avoir des doubles dans sa
bibliothèque, dans son herbier, etc., Avoir deux ou plusieurs
exemplaires du même ouvrage, deux ou plusieurs échantillons
d'une même plante, etc.
En Musique, Le double d'un air, Le
même air, qu'on figure sur le simple, par l'addition de plusieurs
notes qui varient et ornent le chant. Le double des Folies d'Espagne.
Cette locution a vieilli: on dit maintenant, Variations.
Mettre une chose en double, en plusieurs
doubles, La replier sur elle-même une ou plusieurs fois. Mettre
une serviette en double.
Fig. et fam., Mettre les morceaux en
double, Manger à la hâte.
DOUBLE, substantif, se
dit, au Théâtre, Des acteurs et actrices qui remplacent dans
les rôles ceux qui en sont chargés en premier. Cet Acteur
n'est qu'un double, n'est que le double d'un tel. La pièce a
été jouée par les doubles. On dit dans un sens
analogue, Donner un rôle en double.
DOUBLE, se dit en outre
d'Une espèce de monnaie ancienne qui valait deux deniers, et dont les
six faisaient un sou. Un double. Donner un double. Double
tournois.
Il s'emploie figurément, dans certaines
phrases familières, pour exprimer Une très-petite valeur.
J'en donnerai tant, et pas un double avec. Cela ne vaut pas un double,
je n'en donnerais pas un double.
DOUBLE, s'emploie aussi
quelquefois adverbialement, comme dans ces phrases: Voir double, Voir
les objets comme s'ils étaient doubles; Payer double, Payer
deux fois la valeur.
AU DOUBLE. loc. adv. Une
fois plus. Payer, acheter au double. On l'emploie aussi
figurément. Il m'a fait un déplaisir, il le payera au
double. Je vous suis redevable de ce bon office, je vous le rendrai au
double.
DOUBLEAU. s. m. T. de Charpenterie. Il
se dit de Certaines solives d'un plancher qui sont plus fortes que les
autres, telles que les solives d'enchevêtrure.
En Archit., Arc-doubleau, Espèce
d'arcade formant une saillie ou plate-bande sur la courbure
intérieure d'une voûte, qu'elle semble fortifier et soutenir.
Dans cette locution, Doubleau est adjectif.
DOUBLEMENT. adv. Pour deux raisons, en
deux manières. Il est doublement coupable. Il en est doublement
puni. Doublement obligé.
DOUBLEMENT. s. m. T. de Pratique
ancienne, qui était usité principalement dans les affaires de
finances, et dont on se servait dans les enchères, pour dire, Une
fois autant. Enchérir par doublement et par tiercement.
DOUBLEMENT, se disait
aussi, en termes de Guerre, de L'augmentation des rangs et des files d'un
bataillon.
DOUBLER. v. a. Mettre le double,
augmenter du double, d'une fois autant. Doubler le nombre. Doubler la
dépense. Doubler la somme. Doubler les gardes. Tous les postes furent
doublés. Doubler ses capitaux. Doubler la dose. Doubler
l'étape. Il double ses torts envers moi.
En termes de Guerre, Doubler les rangs,
doubler les files, Y mettre le double de ce qui a coutume d'y
être. Cette espèce de manoeuvre a depuis longtemps cessé
d'être usitée.
Doubler le pas, Marcher plus vite.
En termes de Marine, Doubler le
sillage, Faire plus de chemin. Doubler les manoeuvres, En
augmenter le nombre, afin que, si l'une est rompue, une autre puisse la
remplacer. Doubler un cap, une pointe, etc., Passer au delà
d'un cap, d'une pointe de
terre, etc. Doubler un autre
bâtiment, Le surpasser en vitesse, le devancer. Doubler une
ligne de vaisseaux ennemis, La mettre entre deux feux.
DOUBLER, signifie aussi,
Appliquer une étoffe contre l'envers d'une autre. Doubler un
manteau, une robe, une jupe. Doubler de soie, de toile, de taffetas.
En termes de Marine, Doubler des
voiles, Les fortifier par de nouveaux lés de toile cousus sur
ceux dont elles sont déjà composées. Doubler un
navire, Lui faire un doublage de feuilles de cuivre ou de planches.
Doubler un corps de logis, Joindre un
autre corps de logis à la face de derrière de celui qui est
déjà fait.
Au Théâtre, Doubler un
rôle, un acteur, Jouer un rôle au défaut de l'acteur
qui en est chargé en premier.
DOUBLER, signifie
quelquefois, Mettre double, et Mettre en double. Doubler du fil, de la
laine, de la soie. Doubler une serviette, une feuille de papier.
Au Jeu de billard, Doubler une bille,
La faire frapper contre un des bandes du billard pour qu'elle revienne au
côté opposé. Doubler une bille au milieu, au
coin. On dit absolument, dans le même sens, Doubler; doubler
au milieu, au coin.
Au Jeu de paume, La balle a
doublé, Elle a touché deux fois la terre. Dans cette
phrase, le verbe est neutre.
DOUBLER, s'emploie aussi,
neutralement, dans le sens de Devenir double. Leur nombre a plus que
doublé. La population de cette ville est maintenant
doublée.
DOUBLÉ, [DOUBL]ÉE. participe.
En Mathém., Raison
doublée, Raison de carrés. Seize est à quatre
en raison doublée de quatre à deux, c'est-à-dire, comme
le carré de quatre est au carré de deux.
En Médec., Fièvre
doublée, Fièvre intermittente dont les accès,
après avoir été uniques, ont lieu deux fois dans le
même jour.
DOUBLÉ, au Jeu de
billard, se dit substantivement de L'action de doubler, et de Toute
disposition des billes qui permet de doubler. Faire un doublé.
Jouer le doublé. Voilà un beau doublé. Quelques-uns
écrivent Doublet; mais on prononce toujours
Doublé.
DOUBLET. s. m. Deux morceaux de cristal
mis l'un sur l'autre, avec une feuille colorée entre-deux, pour
imiter les émeraudes, les rubis, etc. Ce n'est pas une
émeraude, c'est un doublet.
DOUBLET, au Jeu de
trictrac, se dit Lorsque chacun des deux dés amène le
même point. Il ne peut gagner que par des doublets. Il
n'amène que des doublets. Deux six, deux quatre font un doublet.
Doublet d'as, de deux, etc.
DOUBLET, au Jeu de
billard. Voyez DOUBLÉ.
DOUBLETTE. s. f. T. de Musiq. Un des
jeux de l'orgue, qui sonne l'octave au-dessus du prestant.
DOUBLEUR, [DOUBL]EUSE. s.
Celui, celle
qui, dans les fabriques, double la laine, la soie sur le rouet. Doubleur,
doubleuse de laine, de soie.
DOUBLON. s. m. Monnaie d'or espagnole
qui a différentes valeurs. Doublon d'Espagne. Le doublon de huit
écus, ou absolument, Le doublon vaut quatre-vingt-un francs
cinquante et un centimes; le doublon de quatre écus vaut quarante
francs soixante et quinze centimes, et le doublon de deux écus vaut
vingt francs trente-sept centimes. On dit aussi, Pistole.
DOUBLON, en termes
d'Imprimerie, Faute qui consiste à composer deux fois de suite un ou
plusieurs mots.
DOUBLURE. s. f. Étoffe dont une
autre est doublée. La doublure d'un manteau, d'une robe.
Prov. et fig.. Fin contre fin n'est pas bon
à faire doublure, ne vaut rien pour doublure, Il ne faut pas
entreprendre de tromper aussi fin que soi, ou, si on le tente, on n'y
réussit pas.
DOUBLURE, au
Théâtre, se dit dans le même sens que Double. Ce
comédien est la doublure d'un tel. Le spectacle a été
fort ennuyeux, nous n'avions que les doublures.