L’écriture requiert un large ensemble d’instruments: tablette de cire, stylet, puis plume, papier, ruban de machine à écrire, etc. Elle s’appuie sur la connaissance d’un système graphique 1 qui peut dépasser un alphabet, par exemple en intégrant des pictogrammes, ou en devenant logographique comme dans le cas des mathématiques.
Ces instruments et ce système de signes facilitent la production de processus mentaux ainsi que le transfert des connaissances, avec ses corollaires en matière sociale (le langage est l’acte de l’échange). Le tout s’accompagne de la production d’autres objets matériels, qui peuvent être suffisamment sophistiqués pour n’être utilisés qu’au terme d’un long apprentissage 2, et qui s’inscrivent naturellement dans des processus économiques tendant à la réorganisation des pouvoirs.
Ainsi, on remarque un premier effet de boucle entre les trois constituants de l’écriture que sont les instruments, le système graphique, et les processus mentaux: réunis, ils mènent à la conception de nouveaux objets matériels, comme les livres, qui stimulent l’activité intellectuelle. Nous allons préciser en quoi les interférences entre ces trois catégories sont bien plus importantes qu’on ne l’imagine souvent.